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- Le Superman de Zack Snyder (Batman v Superman) ou l'Homme qui tua un dieu à son image
Avec l'imminence du retour de l'acteur Henry Cavill sous la cape de L'homme d'acier, faisons un bond en arrière pour revenir aux origines du personnage dans le DC Universe (DCU). Qui est le kryptonien dans la vision de Zack Snyder et quelle image de lui a-t-il œuvré à construire dans son film sorti en 2016 ? Radiographie d'un héros résolument ancré dans son époque. Nous vous proposons ce dossier en 2 parties. C'est parti pour le premier épisode ! SPOILER ALERT : Cet article révèle des éléments de scénario du film et des citations de dialogue ! NDLR : Toute référence se fonde sur l'édition Ultimate Cut du film Batman v Superman (BvS). 1. Aux origines 2012. Christopher Nolan boucle sa trilogie sur Batman le Chevalier Noir avec un succès critique et commercial indéniable. Chez Warner Bros., il paraît urgent de réitérer l'exploit en redonnant vie à une autre franchise éloignée du grand écran : Superman. L'opus de Bryan Singer sorti en 2006 étant plus un hommage appuyé à l'iconographie des films de Christopher Reeve, il conviendrait de dépoussiérer l'image du héros rouge et bleu pour le faire entrer de plain-pied dans ce nouveau siècle. Le studio s'empresse donc de mandater Nolan pour une version modernisée du Kryptonien. Mais il a l'esprit déjà tourné vers d'autres réalisations et refuse finalement de prendre en main le projet, persuadé d'avoir fait le tour de ce qu'il avait à dire sur le genre super-héroique avec son Batman milliardaire au box-office. Endossant le rôle de producteur sur le projet Superman, Nolan va toutefois présenter au studio un homme prêt à saisir la caméra : Zack Snyder. Le réalisateur américain a déjà démontré son savoir-faire sur les adaptations de comics avec 300 et Watchmen. Et quand il débarque dans les bureaux de la Warner, ce n'est pas un film qu'il a en tête, mais plusieurs. Et ce n'est pas un seul héros qu'il veut ramener à la vie, mais tout un univers cohérent et extensible à souhait. Une véritable manne pour le studio et une ambition démesurée qui ne rebute pas pour autant les financiers. Car Snyder voit très grand. Il réalisera 5 films qui présenteront et développeront les personnages iconiques de l'univers DC. Une suite de longs métrages, articulée et progressive, qui devait déboucher sur la formation de la Justice League et l'affrontement climatique avec un antagoniste à la mesure de ces héros charismatiques : Superman en 2013 dans Man of Steel (MoS), Batman dans Batman v Superman en 2016, Wonder Woman dans le film du même nom, confié en 2017 à la réalisatrice Patty Jenkins, mais toujours produit par Snyder. L'idée est de développer un univers cinématographique tournant autour de ces figures mythiques du folklore de DC. Plusieurs films sont annoncés pour honorer les héros tels que The Flash, Aquaman et Cyborg ; des projets qui seraient confiés à d'autres réalisateurs que Snyder qui souhaite se concentrer sur sa pentalogie. Une fois son Man of Steel tourné, Snyder enchaine avec BvS. Mais qu'a-t-il en tête pour Superman après l'accueil pas complétement rassurant de son premier métrage ? Quelle est sa vision du personnage que le public ne semble pas encore prêt à complétement embrasser ? Pourquoi fait-il ces films ? 2. Un premier rendez-vous manqué ? Malgré un box-office à plus de 600 millions de dollars, le MoS de Snyder ne convainc pas tout le monde et refroidit quelque peu la Warner. Le public ne semble pas se retrouver complétement dans ce personnage jugé trop sombre et les financiers, très envieux des recettes de la concurrence marvélienne, commencent à tiquer. Les premières crispations envers Snyder commencent à poindre, mais la suite est tout de même lancée. Sauf que dans l'idée du réalisateur, Man of Steel n'est pas un film sur Superman, du moins pas celui que l'on connaît. Le titre n'en porte pas le nom, Lois Lane n'a pas le temps de prononcer le mot, et surtout il tue Zod à la fin. Car le Kal-El de MoS n'est qu'un héros en formation qui apprendra de ses erreurs. Pour Snyder il doit partir d'une zone grise pour finalement se révéler en pleine lumière par ses actes en devenir. A la fin du métrage, tous les éléments sont en place pour faire de lui le héros que tout le monde reconnait. Il est donc normal qu'il ne soit pas encore devenu l'Homme de Demain. Son costume plus lumineux, plus brillant dans BvS semble annoncer son ascension vers la lumière... 3. Une vision snydérienne déconstruite... Partant donc d'un Superman acculé, tuant son ennemi incontrôlable - et s'attirant au passage les premières foudres d'un public dérouté - Snyder entend le ramener en pleine lumière dès BvS. Revêtant un costume bleu plus vif et embrassant son rôle de journaliste au Daily Planet, sauveur de l'humanité à ses heures perdues, Superman va compléter sa caractérisation tout au long des 3 heures de la version ultimate du film. Déjà consacré héros pour certains, il va incarner par son ultime sacrifice la figure divine et altruiste tant espérée. Et personnifier l'idée fondamentale liée à son personnage ; l'espoir retrouvé. Une sanctification qui passera par un chemin de croix à l'image de la Passion du Christ chez les chrétiens. Le réalisateur va déconstruire la figure toute-puissante de L'homme d'acier à travers le prisme d'une société cynique et en perte/quête de repères. 4. Deus ex Machina Pour Zack Snyder, les superhéros sont les figures mythologiques de notre époque post-moderne. Ce sont des Dieux qui foulent notre sol et s'affrontent dans des combats de Titans pour nous sauver. Si le combat final contre Doomsday rassemble des dieux en les personnes de Superman et Wonder Woman, cette idée trouvera sa pleine expression dans le film Justice League où toute l'humanité et les dieux tels Zeus ou Athéna s'uniront pour défaire in extremis Darkseid lors de sa première apparition dans notre monde. Superman, dans le premier tiers du film, apparait bien comme un sauveur dans les diverses scènes narrant ses exploits. La famille, réfugiée sur le toit de sa maison inondée, y peint son symbole plutôt que de s'en remettre à dieu, Superman apparaissant comme un ange nimbé de lumière céleste. Sauvant les habitants de Juarez piégés par le feu, ceux-ci se prosternent devant lui en tentant de le toucher. Dans l'esprit des sauvés, Superman est sans conteste un Dieu vivant prodigueur de miracles. Un caractère divin très vite remis en doute... 5. Une humanité malmenée Si Snyder déconstruit la magnificence de Kal-El, c'est pour dans un premier temps mieux l'humaniser et s'attirer l'empathie du public. En le fragilisant dans sa relation au monde, le réalisateur veut en faire un être faillible aux antipodes de l’icône inattaquable véhiculée dans les comics. Clark est d’abord fragilisé dans sa relation avec Lois Lane. Malgré tous les efforts de son amant jouant les amoureux prévenants et imprévisibles (Clark rentre des courses avec des fleurs pour Lois avant de la rejoindre tout habillé dans son bain), Lois réalise que sa relation avec Clark l'a mise en danger et qu'elle est passée tout près de mourir, son carnet de journaliste l'ayant seul sauvée d'une balle lui étant destinée .Est-elle sûre de vouloir continuer ? Et c'est encore dans la peau de Clark journaliste que la figure héroïque est mise à mal. Perry White le prend clairement pour un "nerd", un intello un peu coincé qui veut changer le monde par ses articles. Mais il faut vendre et les résultats du match de football Gotham-Metropolis intéressent davantage que les rêves de justice d'un petit journaliste épris de justice et de vérité. Reflet d'une époque cynique et d'un média contraint à renoncer à ses idéaux pour survivre, Perry assène à Clark que "la conscience de l’Amérique est morte". Il singe ses velléités journalistiques en tournant en ridicule le journalisme d'investigation qu'il juge dépassé : "L'eau ça mouille ! en gros titre !!" Le divertissement seul semble vendre. Perry réclame cet article sportif que Clark tarde à lui rendre et le sensationnel lui illumine le regard quand il voit inscrit en gros titres "Fin de la lune de miel avec Superman ?". L'ingénuité de Clark sera définitivement écrasée par les paroles de Jonathan Kent que le héros retrouve sur la montagne dans une apparition recherchée à la suite d'un pèlerinage en Arctique. Si Clark est en proie aux doutes quant au bien-fondé de sa mission, son père tel un prophète lui rappelle que tout acte héroïque dessert quelqu'un. L'anecdote de l'enfance de Jonathan une fois révélée, Clark réalise que sa mission ne peut être que frustrante et pavée d'échecs, à l'opposé de l’idéal entrevu par Jor-El, son père biologique, qui lors d'une autre forme d'apparition, lui avait assuré qu'il pouvait sauver tout le monde (in MoS). Ces deux testaments construits en miroir redessinent la fonction du superhéros mais aussi l'humanisent terriblement. S'il a la puissance d'un dieu, son héritage humain le ramènera aussi au caractère imparfait de sa destinée, le rapprochant des hommes qu'il espère sauver. Snyder va toutefois aller encore plus loin dans sa caractérisation du personnage. Et c'est à travers l’œil d'un autre héros qu'il va draper d'un voile sombre et menaçant cet alien venu des étoiles... Fin de l'épisode 1, la suite dans les prochains jours... ;)
- Le Superman de Zack Snyder (Batman v Superman) ou l'Homme qui tua un dieu à son image (partie 2)
Notre chroniqueur François Boivin vous proposait il y a quelques temps une analyse du Superman selon Zack Snyder dans Batman v Superman. Vous attendiez la suite ? La voici avec l'épisode 2 ! SPOILER ALERT : Cet article révèle des éléments de scénario du film et des citations de dialogue ! NDLR : Toute référence se fonde sur l'édition Ultimate Cut du film Batman v Superman (BvS). 6. Une menace descendue du ciel Au tout début du film, une citation semble nous mettre en garde :"Ce qui descend sur terre.... Ces choses tombées du ciel.... seront notre chute". Lors de la bataille aérienne entre Zod et Kal-El, le caractère menaçant de ces êtres venus d'ailleurs est clairement mis en lumière par le gros plan sur le visage empreint de colère sourde d'un Bruce Wayne venant de sauver une petite fille. Pour lui, ces êtres sont un danger pour l'homme et sèment le chaos dans leur sillage. Leur bataille résonne comme l'heure du jugement dernier, l'Apocalypse certaine dans les prières de Jack, l'employé de Bruce, qui voyant son heure arriver, tente désespérément de sauver son âme. Pour Bruce, si Superman représente la moindre menace, il faut tout faire pour s'en prémunir. Évoquant le passé glorieux des Wayne construisant leur fortune sur la chasse, il va se mettre en quête du justicier volant pour éliminer la menace qu'il peut représenter. Aveuglé par son échec à sauver Robin et à éradiquer le mal de Gotham, il se lance dans une croisade fébrile, s'entrainant et fourbissant patiemment ses armes. L'ange salvateur que les humains voit en Kal-El est aussi une arme de destruction massive, sa toute-puissance le rapprochant des démons de l'enfer envahissant la Terre. Cette liturgie biblique sera d'ailleurs reprise par un Lex Luthor inversant le tableau accroché dans le bureau de son père ; les anges représentés terrassant à coups de lances des démons surgis des tréfonds des enfers se retrouvent à leur place une fois la toile retournée. La frontière est ténue entre les deux figures mythologiques. Le risque de basculer dans l'autre camp est prégnant, Bruce Wayne se refuse à le courir. Alfred, le majordome technicien de Bruce, à l'image des chœurs des pièces antiques, rappellera d'ailleurs dans une sentence hautement prophétique que ces anges venus du ciel sont porteurs de mort : "Des hommes tombent du ciel. Des dieux lancent des éclairs. Des innocents meurent. Ce sentiment d'impuissance changent les hommes en bêtes enragées et cruelles. Ça commence comme ça". Dans la sphère de Batman, la présence de Superman inquiète plus qu'elle ne rassure et motivera les ambitions belliqueuses d'un Bruce Wayne aigri et désabusé, se lançant aveuglément dans une croisade insensée. Les mises en garde d'un Alfred posé et clairvoyant n'y changeront pas grand-chose... Une fois la nature divine de Superman fortement ébranlée, Snyder va aussi opposer la puissance physique du Kryptonien à l'appareil politique, militaire et médiatique de nos sociétés modernes. 7. Des figures du pouvoir déboulonnant les idoles Nous avons vu que Perry White était loin de pencher en faveur du héros kryptonien. Représentant le pouvoir des médias - influenceurs -, son journal se fait même l'écho d'une mauvaise presse destinée à ternir l'image de Superman. Suite à l'attentat du capitole et à la disparition soudaine du héros, la ligne éditoriale du journal accuse directement L'homme d'acier dans un éditorial remettant en cause son intégrité. Un éditorial en écho ou dicté par les journaux télévisés et accusant notre héros de complicité dans cette atrocité, son absence paraissant comme un aveu de culpabilité alors même qu'il a porté secours aux survivants. Si l'intégrité de Clark est remise en question par les autorités et les médias, la figure militaire du Général Swanwick incarnée par Harry Lennix semble remettre directement en question la supposée neutralité du héros quand il déclare "qu'aucun homme de pouvoir n'obéit à aucune politique ou aucun principe. Personne n'est neutre". Le procès d'intention sera encore une fois enfoncé par la figure politique de la sénatrice Finch. Incarnant le pouvoir officiel, s'inquiétant de laisser le dernier mot à un être divin hors de contrôle, la sénatrice entend poser un cadre légal aux actions de L'homme d'acier. Que répondre aux familles qu'il ne pourrait éventuellement sauver ? Comment évaluer sa responsabilité dans les malheurs du monde non gérés ? Que faire, dans notre société de droit, d'un être ne répondant pas aux lois humaines et se plaçant ainsi au-dessus de Dieu ? Le témoignage - certes mensonger de la supposée victime Kahina Ziri pose, à qui veut l'entendre, la question morale du choix : qu'est-ce qui autorise Superman à sauver une vie alors qu'il n'en a pas sauvé une autre ? La sénatrice, croyant aux vertus du débat démocratique, espère que cette audition de Superman mènera à un cadrage du libre-arbitre de Superman, le pouvoir incontrôlable du Kryptonien posant juridiquement un problème. Une loi qu'elle espère portée par le consentement du peuple. Le tragique dénouement de l'audience fauchera ses ambitions, et entachera sévèrement l'auréole d'un Superman divinisé un peu trop vite. Acculé par une société aussi prompte à l'encenser qu'à l'honnir, Clark s'envolera loin des hommes. Renonçant à la croisade d'un fantôme, son père Jonathan, il ira jusqu'à déclarer à l'amour de sa vie, Lois, que "Superman n'a jamais existé. Il n'était que le rêve d'un fermier du Texas". Dénigré dans sa mission divine, il préférera s'envoler et fuir sa destinée devant une humanité partagée quant à sa légitimité. 8. Créer un Dieu pour mieux l'occire.... Reflets d'une époque cynique toujours prompte à encenser des idoles pour mieux les faire chuter le lendemain, les humains de BvS planteront le dernier clou dans le cercueil des idéaux de Clark. A force de lui renvoyer son héritage d'alien potentiellement dangereux, il finira par ne plus se sentir de ce monde et s'enfuiera loin de lui et de Lois. Comment rester devant ces écrans montrant des mannequins de pailles à son effigie brulés dans des scènes de rues inquiétantes ? Le regard interdit du petit garçon recevant ces images en dit long : se retournant pour questionner sa mère sans réponse, on lit aisément que son innocence insouciante vient de partir en fumée avec son idole brûlée en place publique. Comment supporter les cris d'un foule haineuse réclamant son départ à peine arrivé au Capitole, cris couvrant à demi les quelques partisans dépeints comme des groupies hystériques peu représentatives du consensus général ? Une position intenable ; l'icône déboulonnée n'ayant d'autre choix que de disparaitre. Ange ou démon ? Qui peut garantir que ce sauveur providentiel ne se retournera pas contre nous ? Lors d'un talk show sur le héros capé, un influenceur finira de jeter l'opprobre sur l'image du héros en rappelant que 'notre foi aveugle en des figures héroïques nous a conduit aux pires atrocités". Le souvenir des figures providentielles dictatoriales qui ont jalonné notre histoire sera d'autant plus ravivé par la scène du Knightmare où un Superman fascisant atterrit devant une milice prosternée devant son dictateur omnipotent. Si un Bruce Wayne aveuglé entreprend d'adresser ce dilemme à sa manière, c'est la voix d'un autre humain, Lex Luthor, qui entend réveiller les consciences endormies. 9. Ainsi parlait Lex Luthor Reconnaissant dans un premier temps les "métahumains comme des dieux parmi les hommes", Lex Luthor remet très tôt en question le pouvoir kryptonien en rappelant à la sénatrice Finch que "le plus vieux mensonge de l'AmérIque est que le pouvoir peut être innocent.". L'intégrité et le moralité de Superman, vertus fondatrices de toute divinité, une fois foulées aux pieds, notre héros dégradé ne sera plus qu'une menace comme une autre pour Batman qui, lors de leur confrontation, lui rappellera qu'il n'a "jamais été un dieu. Même pas un homme. Les hommes sont braves". Un sous-homme dans l'esprit manipulé et aveuglé du Chevalier Noir. Mais toujours un dieu vivant dans celui de Luthor qui ne peut encaisser cette rivalité. Révélé par Lois Lane comme l'instigateur de la campagne de calomnie visant à décrédibiliser Superman, Luthor révélera ses motivations à Kal-El avant de refermer son piège sur le héros déchu agenouillé. Par sa nature divine, Superman est au-dessus du mal et de la vertu absolues, comme Dieu. Luthor convoque d'ailleurs les grandes figures mythologiques du passé comme Horus, Apollon ou Yahvé avant d'ajouter Clark Kent à la liste. Mais il rappelle que ces dieux appartenaient à leurs tribus et ne sauvaient pas tout le monde. Reprenant l'argumentaire politique de Finch, Luthor demande pourquoi Superman ne l'a pas sauvé enfant des sévices subis sous la main de son père abusif ? Et de conclure que s'il est tout puissant, un dieu ne peut pas être entièrement bon pour tous. Et s'il n'est pas entièrement bon, il n'est pas non plus tout-puissant dans sa divinité. Démonstration par l'absurde d'un esprit malade qui conclut son allocution par son désir de "plier Dieu à sa volonté" dans le combat entre "le jour et la nuit, Dieu et l'Homme, Superman et Batman", qu'il a savamment orchestré. La folie de Luthor, sans doute renforcée par le trop plein de connaissances reçues dans le vaisseau kryptonien, soit les apports théoriques de 100 000 mondes, le placera à son sens en héraut de la vérité, celui qui révèle l'escroquerie et la supercherie d'un dieu frelaté. L'homme doit occire son dieu. Luthor, pur produit d'une société technophile et avide de concentrer les pouvoirs, en sera le chantre. "Et si l'homme ne tue pas Dieu...", alors Lex créera sa damnation, son Doomsday, avec la nette intention d'en finir avec le pouvoir divin du Kryptonien. 10. Déconstruire pour mieux rebâtir Nous avons vu par ces lignes que Zack Snyder déconstruisait la figure divine de Superman en le dépouillant trois heures durant de ses caractéristiques super-héroiques. Malmené dans sa relation aux figures humaines de son identité civile, adoré comme un sauveur réincarné avant d'être destitué de son statut divin, Kal-El, privé de son ADN héroïque, ne pourra que succomber aux assauts imparables de son ultime damnation, le Doomsday. Mais le public trop pressé de se séparer de ce héros vaincu est peut être passé à côté du message primordial du film de Snyder... C'est en effet dans les derniers instants de la bobine que la nature divine, voire christique, de Kal-El sera rétablie. C'est par son sacrifice désintéressé, alors qu'il vient de retrouver toute la conviction de sa mission profonde, c'est par son sauvetage d'une humanité impuissante à assurer son propre salut, que Superman retrouvera son aura divine. Sous les yeux attristés de ses deux compagnons de lutte, il git aux pieds de Lois Lane, enserré dans sa cape en guise de linceul. Lois le pleurant n'est pas sans rappeler la posture de la Madone dans la Pietà de Michel-Ange. Car c'est bien Lois qui lui aura permis de renaitre de ses doutes en lui rappelant, alors qu'il s'apprête à renoncer à sa mission, que son amour pour l'humanité inspire l'espoir, une valeur qu'il incarne dans une société moderne pour le moins déboussolée. Renaissance d'un Christ qui meurt les bras en croix, terrassé par une lance enfoncée en son flanc, et se sacrifiant pour une humanité qui, en choisissant d’écouter les voleurs (Lex), le condamne à la crucifixion. L'imagerie religieuse est fondamentale dans la dramaturgie de Snyder qui abonde en symboles et sens cachés. Ici, elle lui sert à redonner à une icône déchue toute la sacralité de son caractère divin. Le côté atemporel de Superman conclura le film : le monde enterre un cercueil vide, mais sa parole divine demeure en héritage dans les mots griffonnés au pied de sa statue détruite. Il suffit de regarder autour de nous pour retrouver foi et espoir en un humanité qui, comme le souligne Bruce Wayne, déploie autant d'énergie à se détruire qu'à se reconstruire. Et Snyder de conclure à l'immortalité d'un héros incarné par son credo, l'espoir. A Smalllville, lors de l'enterrement, le prêtre déclame des versets de la Bible annonçant que la Terre redonnera vie à ses morts. A Metropolis, la poignée de terre jetée par Lois Lane sur le cercueil semble entrer en lévitation. Autant de signes annonciateurs de la résurrection du héros à venir et de son retour en pleine lumière. Conclusion Destabilisé par ce minutieux travail de caractérisation pas toujours bien cerné, il m'aura fallu du temps pour comprendre le chemin artistique et scénaristique de Zack Snyder. Comme beaucoup d'autres, devant mûrir mon appréciation du film que j'avais pourtant aimé à sa sortie, il me faudra attendre le montage intégral de 3 heures et plusieurs visionnages pour pleinement embrasser la vision du maitre. Le director's cut aura rétabli le film dans son statut de chef d’œuvre du genre. Et remis son héros dans la lumière de son aura divine. Symbole d'espoir aussi pour le futur de L'homme d'acier enfin en phase avec son héritage comics, Batman v Superman nous aura préparé à accueillir un héros lumineux et conforté aussi bien dans ses enjeux narratifs que dans sa présence cathartique et fédératrice. François Boivin
- Documentaire : Pourquoi Superman divise-t-il sa fandom ?
Superman est un super-héros qui a marqué des générations et ne laisse pas indifférent. Beaucoup d'acteurs et une image qui change au fil du temps. Pourquoi divise-t-il tant ? Captain Morpheus propose un documentaire dans son émission Zêtes Sérieux à ce sujet.
- La rentrée de Superman et Loïs
Les acteurs de la série Superman et Loïs ont repris le chemin des plateaux. Le tournage de la saison 3 a en effet repris cette semaine Outre-atlantique. C'est au travers d'un post sur Twitter que l'actrice Élisabeth Tulloch (Loïs Lane) a indiqué sa reprise du travail. Nous pourrons découvrir les épisodes de la nouvelle saison dès janvier 2023. Le premier est en fabrication à l'heure où nous publions, enregistrant l'arrivée de Michael Bishop pour remplacer le départ de Jordan Elsass pour le rôle de Jonathan Kent. On souhaite donc à toute l'équipe et à la famille Kent/Lane/EL une rentrée Supermanesque ! Joseph Ali
- Le second trailer de Black Adam est Supermanesque !
Le second trailer de Black Adam est sorti ! Et il apporte son lot de surprises. Les premières images, il y a quelques mois, révélaient un étalonnage relativement chaud avec des couleurs assez saturées et des choix de colorimétrie assez proche de ce que peut proposer Marvel. Le nouveau visuel prend une direction différente. Finis les saturations excessives et les fluos à peine digestes pour les daltoniens avec des jaunes et des rouges à faire saigner les yeux. Outre les différentes nouvelles images que les fans ont pu découvrir du super vilain et de ses antagonistes, on nous propose cette fois-ci un travail plus subtil. Et même si les dorés sont toujours très prononcés, ce qui se justifie par les couleurs du personnage principal de Dwayne Johnson, le reste semble d'un meilleur goût que ce qu'on avait pu voir jusqu'alors. On retrouve un peu de ce qu'avait amené Zack Snyder à l'époque de la genèse du Snyderverse, notamment dans l'étalonnage. Certains plans visibles dans le trailer ne sont pas sans rappeler Man of Steel. D'ailleurs les interrogations vont déjà bon train sur le type de film que va nous proposer Warner Bros Discovery et sur la présence de l'homme d'acier. Comme réponse la phrase de David Zaslav semble être de circonstance : "N'écoutez pas ce que les gens disent, mais regardez plutôt ce que l'on fait." Et bien, visiblement, le retour aux ateliers pour peaufinage semble avoir été judicieux et de bon augure ; en tout cas au vu de ce que l'on nous propose. Joseph Ali
- La revue de Superman et Lois - Saison 1
Retrouvez Captain Morpheus et David Actu DC pour une revue de la première saison de Superman et Lois !
Nuage des concepts les plus évoqués