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Superman lives ou le superman abandonné de Nicolas Cage

Le 20 décembre, Paul B. Frieling diffusait un teaser animé avec Nicolas Cage en vedette dans la peau de L'homme d'acier : Superman Lives !

On revient aux sources d'un projet des années 90, à l'époque où la star hollywoodienne, fan de comics, allait concrétiser un rêve sous la direction de Tim Burton, mais abandonné... C'est aussi un souffle (nouveau ?) pour remettre en avant le dernier fils de Krypton alors que la communauté mondiale est orpheline depuis peu d'Henry Cavill.





Un magnifique teaser

L'animateur Paul B. Frieling, directeur du Lazy Dro1d Studio, a diffusé sur sa chaine YouTube une bande annonce animée de toute beauté.


Artiste 3D et spécialiste de l'ensemble des techniques d'animation utilisées pour créer les effets visuels (VFX), designer et modélisateur d'environnements et de personnages, Frieling est un homme expérimenté passé par Blur Studio entre 2009 et 2013 (pour collaborer à The Girl with the Dragon Tatoo, Dead Rising 3, Man of Steel et Batman Arkham Origins), puis chez Industrial Light & Magic (pour Warcraft: The beginning) et Lucasfilm (pour Jurassic World en 2015) avant d'entrer chez Method Studios pour Les Gardiens de la galaxie vol. 2, notamment.



L'artiste a un certain savoir-faire et le démontre dans cette vidéo, également accessible directement sur le site du studio. Objectif de ce type de courts-métrages ? Donner l'eau à la bouche des décideurs !

Et c'est tout à fait réussi.


À chaque fois, il l'introduit en ces termes :

A rebirth for the most outrageously cosmic SUPERMAN story you have ever experienced.
Une renaissance pour l'histoire de SUPERMAN la plus outrageusement cosmique que vous ayez jamais connue.

La communauté DC est en ébullition et le plan de James Gunn et Peter Safran pour DC Studios est extrêmement attendu. Le duo a écarté Henry Cavill pour un reboot (redémarrage).

L'utilisation de la notion de rebirth peut prêter à réflexion et la nuance est subtile.


En lisant en détail la description YouTube de la vidéo, l'auteur communique de façon plus approfondie. Il s'adresse aux fans ainsi qu'aux studios DC et à Warner Bros. Discovery en évoquant le projet des années 1990 au sein duquel Nicolas Cage devait incarner Superman sous la direction de Tim Burton.

L'animation qu'il a réalisée a pour objectif de remettre en avant le super-héros dans la tourmente ces derniers jours avec la sortie des limbes d'une expérience exceptionnelle qui n'a pu voir le jour, mais qui ambitionnait de permettre la "renaissance" de Kal-El, fils de Jor-El, Superman.

Une renaissance pour l'histoire la plus outrageusement cosmique de SUPERMAN que vous n'ayez jamais connue. Une série animée créée, dirigée et animée par Paul B. Frieling. Nicolas Cage dans le rôle de Superman. Chers fans, Ce projet a été créé en solo par le scénariste, réalisateur et animateur Paul B. Frieling. Grâce aux relations de Paul à Hollywood, l'idée est d'utiliser le teaser animé, l'histoire écrite et le buzz des fans comme matériel de présentation à DC/WB pour une série animée basée sur le projet abandonné de la fin des années 90 connu sous le nom de Superman Lives. Si vous êtes enthousiasmé par ce projet, partagez, soutenez et encouragez Paul à réaliser cette glorieuse version de Superman. Si vous n'êtes pas un fan, ce n'est pas grave, personne ne vous oblige à le regarder. J'apprécie votre soutien ! Paul

Frieling offre à travers sa vidéo une vision toute singulière avec une proposition artistique pour les studios. Elle introduit Brainiac naviguant dans l'espace et interrompu dans son sommeil par un message provenant de l'espace. Celui-ci a été lancé dans de multiples langues par Lex Luthor qui recherche et implore une aide extérieure contre le Kryptonien présent sur Terre, Superman. Ce dernier au visage de Nicolas Cage se rend au-devant du vaisseau extraterrestre de la créature mi-robotique, mi-arachnide...


L'histoire annoncée est tout à fait cosmique en déplaçant sans hésitation l'histoire dans l'espace face à un antagoniste extra-terrestre. Cette bande-annonce est-elle pour le prochain film ?

A priori, elle se présente plutôt comme l'introduction d'une série animée.



Pourquoi abandonné ? Un documentaire inédit

Revenons sur ce What if ou sur ce projet cosmique avorté qu'était Superman Lives.


Un documentaire intitulé The Death of Superman Lives: What Happened? a retracé le naufrage cinématographique de ce projet. Il était à l'initiative du producteur et réalisateur Jon Schnepp qui lançait son financement sous la forme d'un projet participatif sur la plateforme Kickstarter le 24 janvier 2013 afin de terminer sa réalisation.


Dans sa présentation du projet, Schnepp évoque le contexte, son regard sur le film et ses objectifs.

À travers son long métrage documentaire, il aborde Superman Lives comme une tentative "parmi toutes les tentatives de réaliser un film sur Superman entre 1987 et 2006" et serait pour lui "devenu un véritable classique culte". "Voul[ant] connaître tout ce qu{'il peut] sur ce projet, [...] ce documentaire couvrira tout ce qui a été fait pour ce film, depuis les interviews du plus grand nombre de personnes impliquées jusqu'à la recréation de scènes du scénario !".


Annoncé à la fin des années 90, le réalisateur indique que "Nicolas Cage a été annoncé comme Superman, Kevin Smith a été annoncé comme scénariste, Tim Burton a été annoncé comme réalisateur, et les fans ont eu des avis très lourds, à la fois positifs et négatifs, sur tout cela".


Ce film était un projet atypique sortant des sentiers battus que Jon Schnepp décrit ainsi :

Au fur et à mesure que les informations sortaient, on parlait de tenues de robots arc-en-ciel, de vaisseaux-crânes de Brainiac, de Superman qui ne "vole" pas, de lutte contre une araignée géante, d'ours polaires gardant la Forteresse de la Solitude. Tout cela semblait si fou, si bizarre, si différent, que j'espérais sincèrement qu'ils le feraient, juste pour que nous ayons quelque chose de différent de ce qui avait été fait auparavant. Ça n'est jamais arrivé. Quinze ans plus tard [donc en 2013], j'aimerais vraiment pouvoir insérer le disque de "Superman Lives" dans mon lecteur et regarder cette nouvelle version de la mythologie du personnage de Superman, qui est à la fois bizarre, étrange et originale. À cette époque, qu'il soit un succès ou un échec au box-office, il serait devenu un classique culte, principalement en raison de son casting inspiré et de sa grande bravoure dans sa tentative de fusionner les ventes de jouets avec l'étrangeté.

En 2013, alors que Burton expliquait la douleur qu'avait représenté l'abandon du projet au Huffington Post quelques mois auparavant, le documentaire fait un point sur un projet d'envergure en donnant la parole aux principaux intéressés : Tim Burton (réalisateur), Jon Peters (producteur) ; Kevin Smith, Wesley Strick et Dan Gilroy (scénaristes), Lorenzo Di Bonaventura (exécutif de Warner Bros.), Colleen Atwood et Jose Fernandez (Costume designers), Rick Heinrichs (Production Designer), Steve Johnson et Bill Bryan (Effets spéciaux), Derek Frey (assistant réalisateur), Tim Burgard et Michael Anthony Jackson, Pete von Sholly, Sylvain Despretz, Jack Johnson, Jim Carson, Jacques Rey, Harald Belkers, Liam Sharp, Derek Thompson, Brom (Concept artists), Bills Boes (Directeur artistique), Kerry Gammill (DC Comics artiste), etc.



L'ensemble des interviews recensés dans ce documentaire très riche permet de synthétiser l'ambition, la grandeur et l'amertume lorsque le projet a été abandonné.

  • Orientation initiale et lancement du projet avec Tim Burton

  • Casting, choix artistiques et des effets spéciaux

  • Dissension ou divergence d'approche du scénario

  • etc.


Avec 140 millions de dollars de budget envisagés (les sommes varient), Superman Lives a du être annulé trois semaines avant le passage en pré-production, notamment du fait des échecs commerciaux de la Warner parmi un grand nombre de films sortis à l'époque (Sphere, The Postman, etc.), du fait que Warner n'aimait pas le scénario ou encore du fait que ce film jugé "dangereux" faisait peur avec Nicolas Cage en Superman et Tim Burton à la barre.


L'animation montre quelques-uns des choix audacieux qui ont font de ce film avorté une "légende".



Le projet Superman Lives

On se retrouve projeté dans une période "complexe" pour la saga Superman après l'illustre Christopher Reeve, dont la dernière sortie encapée datait de 1987 avec Superman IV : le face-à-face (Superman IV: The Quest of Peace).


L'échec retentissant au box-office pour les producteurs Ilya et Alexandre Salkind, ayant transmis la licence à la Cannon, laissait sur le carreau l'acteur et les scripts écrits pour un éventuel Superman V ou Superman Reborn (sous la plume de Cary Bates, Mark Jones et Ilya Salkind, en 1992) ou encore Superman V: Reborn ont été rejetés par Warner.


À la fin des années 1990, on note un néant artistique pour le plus prestigieux des super-héros et il semble par ailleurs impossible de revenir à la magie de 1978. Pressentant une opportunité, le producteur à succès Jon Peters (Le Loup-garou de Londres, Flashdance, La couleur pourpre, Les Sorcières d'Eastwick, L'aventure intérieure, Gorille dans la brume, Rain Man, Batman puis Batman : Le défi ) rachetait les droits de la franchise et signait un accord avec Warner Bros. pour l'adapter sur grand écran.



Tim Burton aux manettes

À l'origine, Peters proposait la réalisation à Robert Rodriguez qui décline car déjà engagé dans The Faculty (1998). Le scénario est initialement celui de Kevin Smith (seulement âgé de 26-27 ans et connu alors pour Clerks) qui propose un script en 1996.


C'est entre les mains de Tim Burton que le projet est finalement lancé, sur la suggestion de Smith, avec l'idée d'une sortie en 1998 pour le soixantième anniversaire du personnage paru dans Action Comics.


Après avoir réalisé ses deux films Batman (Batman en 1989 et Batman : Le défi en 1992), Burton travaille donc sur une nouvelle adaptation des aventures du dernier fils de Krypton, sous le titre Superman Lives.

Il s'agirait de couvrir la mort, puis la résurrection de Superman.


Le film se fonde en effet sur les comics légendaires qui ont tant marqué les esprits en 1992 et 1993 : The Death of Superman (cf. notre article pour le 30e anniversaire de l’œuvre).



Un scénario délicat

La structure du scénario est en phase avec le cycle The Death of Superman de Dan Jurgens et consorts sur bien des aspects. On y trouve Brainiac, Lex Luthor et Doomsday.


Cependant l'écriture du scénario est extrêmement complexe. Entre les tentatives de Superman V: Reborn et les trois voies du scénario de Superman Lives, on observera des approches extrêmement différentes. Et si l'on ajoute que Peters avait trois exigences ou visions atypiques, on comprend aisément que la difficulté à monter un scénario clair constitue une des raisons majeures de l'échec du projet.



Le script initial ?

Le script initial de Gregory Poirier pour Superman Reborn (1995) envisageait la mort de Superman comme la ligne directrice de son histoire.

Brainiac est le vilain principal et, responsable de la destruction de Krypton, il est en route vers la Terre pour détruire le dernier Kryptonien une fois pour toutes. Clark Kent est en crise psychique avec ses deux identités à gérer, consulte un psy et ne sait comment gérer ses sentiments pour Lois Lane.

Brainiac se rend à Metropolis et libère sur le public sa création génétique, Doomsday, dont le sang est chargé de kryptonite. La situation dramatique attire Superman et les deux êtres s'affrontent jusqu'à la mort. Le dernier Kryptonien vaincu, Brainiac tente de voler son corps après les funérailles, car il y voit un précieux matériel génétique. Cependant, son plan est contrecarré par le Projet Cadmus qui prend le corps en premier dans l'espoir de le faire revivre ou de le cloner. Pendant ce temps, l'esprit de Superman effectue un voyage spirituel dans l'au-delà jusqu'à ce qu'il conclut que son travail sur Terre n'est pas encore terminé. L'esprit retourne alors dans son corps. Ressuscité, mais impuissant, L'homme d'acier se rend à Metropolis pour combattre Brainiac avec l'aide de Cadmus. Par la seule force de sa propre volonté, Superman retrouve ses pouvoirs et vainc Brainiac, ce qui lui donne un sentiment de proximité et de sécurité dans le monde.



Trois voix différentes

L'approche de Kevin Smith est la première approche de Superman Lives et le scénariste pense son scénario meilleur que le script initial pour Superman Reborn.

On retrouve Brainiac, Doomsday mais il y adjoint Lex Luthor et introduit l'Eradicator.


Brainiac envoie Doomsday sur Metropolis pour tuer Superman et bloque le soleil pour rendre ce dernier impuissant. Brainiac fait équipe avec Lex Luthor, mais Superman est ressuscité par "l'Eradicator", un robot kryptonien. Brainiac souhaite le posséder ainsi que sa technologie. Impuissant, le Superman ressuscité est gainé d'une armure formée à partir de l'Eradicator lui-même jusqu'à ce que ses pouvoirs reviennent, grâce aux rayons du soleil, et qu'il vainque Brainiac.


Le scénariste lui-même indiquera dans le documentaire de Jon Schnepp qu'il s'agissait d'une fan fiction et qu'au fur et à mesure de la lecture Peters voulait des modifications. Surtout Peters rapportera que Smith n'était pas un écrivain accompli, car il n'était pas structuré.


L'entrée de Tim Burton dans le projet amène un changement dans l'écriture. Le réalisateur écarte le script de Smith a priori validé par Peters avec lequel il a eu des difficultés relationnelles lors de leur expérience commune sur Batman. Il travaille donc avec Wesley Strick, un de ses collaborateurs qui, après lecture du script, décide de réécrire l'histoire.

Il n'a pas de connaissance du comics The Death and Return of Superman, mais ni présupposé non plus donc... OUT le disque pour bloquer le soleil, OUT l'Eradicator.

Il envisage le duo Brainiac/Luthor, mais une fois sur Terre, les deux fusionneraient en une seule entité nommée "Lexiac" (on trouve parfois l'appellation Luthiac). Avec Burton, l'approche est aussi de développer fortement l'aspect "alien" de Superman par le fait que Kal-El est littéralement un extraterrestre. Les deux hommes abordent Superman comme s'interrogeant sur son existence, ses capacités, etc.


Dans un troisième temps, le réalisation ajoute pour l’écriture le scénariste Dan Gilroy afin d'aller plus profondément dans les personnages : Superman/Clark Kent est un alien et personne ne peut imaginer sa double identité ; LexCorp est impliqué contre Superman et une love story est à enrichir (Lex convoite Lois, Clark est extrêmement vulnérable, etc.).

L'histoire évolue donc encore pour démarrer sur Krypton agonisante, du fait de Brainiac. Le bébé Kal-El est envoyé dans l'espace par son père Jor-El avant la fin tandis que sa mère Lara Lor-Van est assassinée par le cyborg. Quelques années plus tard, on voit Superman adulte à Metropolis arrêtant un braquage de banque et le soir-même Clark Kent doit rencontrer Lois Lane au Daily Planet pour lui révéler son identité avant que Lex Luthor ne la révèle au monde. Brainiac arrive sur Terre et s'associe à Luthor pour détruire L'homme d'acier. Ils décident de fusionner en l'entité cyborg "Lexiac" qui crée Doomsday pour attaquer Superman.

Superman et Doomsday se battent jusqu'à la mort. Après des funérailles publiques, le corps de L'homme d'acier est transporté à la Forteresse de la Solitude, puis ranimé sans pouvoir par une mystérieuse force kryptonienne connue sous le nom de "K". Superman et "K" quittent la forteresse et retournent à Metropolis. Pendant ce temps, Lexiac projette de détruire la Terre comme il l'a fait pour Krypton. Il commence à assembler un arsenal d'ogives nucléaires à faire exploser sur toutes les grandes villes du monde. Il passe également beaucoup de temps à essayer (sans succès) de courtiser une Lois Lane en deuil. Superman retourne à Metropolis et voit ses pouvoirs restaurés par "K", qui s'avère être l'essence vitale restante de ses parents biologiques décédés. Superman, avec l'aide de Lois, vainc Lexiac (en détruisant l'élément "Brainiac") à temps. L'histoire se termine avec Lois, dans les bras de Superman, qui lui révèle qu'elle est enceinte de lui.


Au final, l'antagoniste principal serait Brainiac, un super-ordinateur extraterrestre, qui cherche à tuer Superman en bloquant le soleil et/ou en libérant Doomsday sur Metropolis. Le complot fonctionne et Superman est tué. Plus tard dans le film, il serait ressuscité par K, qui lui sert de costume temporaire et produirait artificiellement tous ses pouvoirs.



Les Jon Peters' rules

Lorsque Kevin Smith propose son scénario et le lui lit en août 1996, Peters lui présente trois conditions originales qui vont complexifier l'écriture :

  1. Superman devait porter un costume entièrement noir, car il estimait que le costume rouge, bleu et jaune plus traditionnel n'était pas assez "viril" (il était trop faggy dans le texte).

  2. On ne devait pas voir Superman voler, sous prétexte que Superman aurait "l'air d'un boy-scout envahi". Pour remédier à cela, Smith écrit que Superman vole comme "un flou rouge et bleu en vol, créant un boom sonique à chaque fois qu'il vole".

  3. Il fallait que Superman combatte contre une araignée géante dans le troisième acte.


Smith accepte les conditions, réalisant qu'il est engagé pour exécuter une idée préétablie et que Peters a des visions de merchandising, etc. qui dépassent la qualité artistique pure et simple.

Par la suite, Peters et Warner Bros. obligeront Smith à écrire une scène où Brainiac combat des ours polaires à la Forteresse de la Solitude. Le producteur voudra également que Brainiac offre un chien de l'espace à Lex Luthor tel un Chewbacca déclinable en jouet, en phase avec la récente réédition de la trilogie originale de Star Wars, ou encore un assistant robot pour Brainiac, L-Ron.


Kevin Smith créera une araignée gigantesque appelée la "Thanagarian Snare Beast" dans son scénario et, si cette lubie de l'araignée géante restera ici une "anecdote", Peters a pu la recycler sous forme mécanique dans sa production Wild Wild West (1999) ; avant d'être reprise dans l'animé Superman: Doomsday en 2007 sous la forme d'une référence limpide faite par Smith alors en caméo dans un scène opposant L'homme d'acier à Toyman ; ou encore dans l'épisode Supergirl Lives de la série Supergirl en 2017 (épisode 9 de la saison 2), etc.



Les concepts arts ambitieux du projet

Des concepts arts de l'époque de la pré-production et du tournage initié par Tim Burton montrent tout l'univers et les choix artistiques et scénaristiques.

Que cela soit pour le costume de Superman, les personnages ou entités (Brainiac, K, Doomsday, etc.) et leur "univers" ou essence, rien n'a été laissé au hasard. Les idées étaient foisonnantes et ambitieuses pour transformer l'idée du scénario en un visuel concret et fort.


Jacques Rey - Tim Burgard : Brainiac face à Superman


Les esquisses de Tim Burton

Le réalisateur de Batman a un univers bien à lui. C'est une marque, une signature qui le distingue.

Les dessins qu'il effectuent en pré-production illustrent donc sa patte et son regard particulier :

  • Sur Superman dans le style d'un Edward aux mains d'argent, tout comme selon le concept qui sera dessiné par les spécialistes des effets spéciaux et des costumes : darkness et lumière.


  • Sur Brainiac avec la tête dans un globe contenant une mixture étrange, les yeux ronds et le personnage connecté. On retrouve aussi la tendance arachnide de Peters.


  • Sur Doomsday vue comme la bête énigmatique, non cérébrale, la "Hurricane Beast". Elle est représentée comme un corps informe aux mille visages illustrant mille morts et souffrances.



Brainiac et son univers

Un énorme travail des designers visuels Derek Thompson, Michael Anthony Jackson, Rolf Mohr, Tim Burgard, Sylvain Despretz, Jim Carson, Jack Johnson, Pete von Sholly, Jacques Rey, Harald Belker, Brom etc. a été effectué pour le projet Superman Lives.


Les artistes ont représenté le vilain Brainiac sous différentes formes à l'image des comics : un cerveau, pur symbole d'une intelligence supérieure, glaciale et diabolique tel un vampire, une créature, un démon voire la mort. Ils le présentent tronqué en core, humanoïde ou arachnide, crane décharné (skull) ou encore monstrueux, dans le sens des sketchs de Burton.



Un tout petit échantillon de ce que vous trouverez sur la toile.


La faucheuse

Parmi les éléments, on notera la thématique de l'araignée telle que le producteur Jon Peters l'envisageait. Son approche était marquée par le gigantisme et à côté de cela, chez Burton, la créature est plus filiforme et comparée à la Faucheuse (l'araignée et... la mort).




L'acteur Christopher Walken envisagé pour le rôle était modélisé ainsi :



L'approche Peters : le gigantisme

Les artistes ont apporté dans leurs réalisations la vision d'une araignée gigantesque face à Superman comme l'imaginait le producteur ou encore d'une armée d'araignées minuscules. Dans le design de Tim Burgard, Superman faisait exploser une araignée extraterrestre avec sa vision thermique.



L'approche arachnide est également bien visible dans l'animé de Frieling au-délà du clin d'oeil au "captureur de mondes" :



The Skullship

Le mode de transport spacial de Brainiac est illustré par un design singulier, un crâne (skull avec l'ambiguité de la scholarship : une école, une diaspora qui voyage, certains parlent aussi d'une ménagerie de créatures, illustrées par de nombreux designs disponibles en ligne).


Les designs de l'artiste Sylvain Despretz (disciple de Moebius) sont devenus célèbres pour Superman Lives, en particulier ses différentes versions du vaisseau de Brainiac sur le thème du crâne. Bien qu'une autre version ait été choisie, celle-ci est à la fois obsédante et intrigante. Il mélange la biologie naturelle et la mécanique avec des influences de H.R. Giger. Jacques Rey comme Harald Belker proposent aussi des designs intéressants.




L'animé de Frieling montre cette spécificité lors de la rencontre de Superman Cage avec le vaisseau crâne de Brainiac. L'influence est extrêmement évidente :



Doomsday et autres personnages

Outre Brainiac et Superman, les concepts arts sont multiples également pour les autres personnages du film.


Doomsday

Évidemment, on commence par Doomsday. La créature de l'abomination, du jugement dernier (doomsday) est un personnage important de l'histoire du comics de 1992-1993. Il se devait donc d'être traité en particulier.


Doomsday va être envisagé comme un kaiju : non pas un géant (kaijū eiga), mais plutôt comme une créature ou monstre représentant la force brute devant laquelle l'homme est impuissant plutôt qu'une force du mal ou un cerveau malin. À l'occasion, des roughs montrent un traitement également robotique.




K et l'Eradicator

Une des originalités de l'histoire de Superman Lives réside dans la présence de l'entité kryptonienne nommée l'Eradicator pour Smith puis K pour Strick et Gilroy.


Entité robotique ou technologique d'un côté, force ou essence vitale de ses parents kryptoniens de l'autre, l'Eradicator est dans les comics un ancien dispositif extraterrestre chargé de protéger la culture kryptonienne. En tant qu'alien, quand Kal-El meurt, elle le berce et va le ramener à la vie.


C'est une sorte d'organisme vivant, un sorte d'assistance robotique accessoirement. Elle va former une combinaison de régénération kryptonienne quand Supes perd ses pouvoirs. Elle peut être capable de métamorphose autant qu'elle permet de régénérer les pouvoirs grâce aux rayons du soleil.


Le souhait reste tout de même de ne pas être un autre costume de Superman, mais plutôt une protection répliquant ses pouvoirs avec des éléments de soins ; une armure tout autant qu'une protection vivante, avant de combattre Brainiac/Lexiac.

On trouvera des symboles égyptiens, des glyphes pour donner un aspect éternel, séculaire, ancien et alien aussi.


Les concept arts sont très intéressants :

On voyage entre robot métamorphe et armure. Les idées sont très variées.



Lieux de l'univers et moments-clés de l'histoire

On retrouve les différents lieux et moments importants de l'histoire :

  • Sa planète natale Krypton avec une idée organique, technique et biomécanique.

  • Le Daily Planet

  • La Forteresse de solitude

  • La mort de Superman




Le choix du Superman Cage

Le choix pour L'homme d'acier dans cette animation est loin d'être anodin, vous l'aurez compris.


Le casting ? Nicolas Cage en Superman

Nicolas Cage a eu sa chance

Pour endosser le costume, le choix s'est porté sur Nicolas Cage, alors en pleine gloire après son oscar pour Leaving Las Vegas en 1995. Il enchainait alors une série de rôles à succès comme dans The Rock (1996), Volte/Face ou Les ailes de l'enfer (1997), la Cité des anges et Snake Eyes (1998).


Pour Burton, Cage a "un don extraordinaire en tant qu'acteur. Il peut être éloquent et a une présence très puissante". Ce "fan de bandes dessinées est aussi un fan de la psychologie et des fondements de tout cela". Il voit dans l'acteur une capacité à jouer le fait de "se sentir comme un alien sur une planète et être différent, de devoir se cacher d'une certaine manière et supprimer certains côtés de soi".

Le plus intéressant pour Burton sont les "racines" de la "nature interne et secrète de ce genre de personnage". Il explique que Cage "peut transmettre le doute et le tourment ; il peut transmettre la joie, le bonheur et l'humour ; il a la capacité de jouer de façon si vulnérable". La palette de jeu de Nicolas Cage peut alors servir l'incarnation du Clark Kent qu'il a en tête en proposant une version sombre comme lumineuse d'un alien.


Il est assez drôle de noter que Kevin Smith avait une idée de casting assez inattendue quand on le regarde avec notre approche d'aujourd'hui : Ben Affleck (et oui !!) en tant que Clark Kent/Superman, Linda Fiorentino en Lois Lane, Jack Nicholson en Lex Luthor, Famke Janssen en Mercy, John Mahoney en Perry White, David Hyde Pierce en tant que The Eradicator, Jason Lee en tant que Brainiac et Jason Mewes en Jimmy Olsen.

Smith écrira d'ailleurs Dogma qu'il réalisera en 1999 avec Ben Affleck, Matt Damon et Linda Fiorentino...



Les autres rôles

Pour incarner la journaliste Lois Lane, certaines rumeurs évoquaient Sandra Bullock.

Jon Peters confirmera d'ailleurs cela dans le documentaire de Schnepp : elle était son premier choix à l'époque, mais aurait décliné ! Parmi les actrices également envisagées par Peters, on notera Courteney Cox, Julianne Moore, mais aussi Mira Sorvino, Julia Roberts, Elisabeth Shue, Jennifer Aniston, Bridget Fonda, Gwyneth Paltrow ou encore Cameron Diaz.


Le rôle de Brainiac a été associé à Jim Carrey, Gary Oldman, Tim Allen à un moment donné avant de se tourner plutôt vers Christopher Walken (Annie Hall, Voyage au bout de l'enfer, La Porte du paradis, Dead Zone, The King of New York, Batman : Le défi, etc.), dont la partition soit menaçante soit drôle était très intéressante. Par ailleurs, le personnage de Brainiac induit d'être très froid et très intellectuel. Le jeu de Walken pouvait donc tout à fait convenir.


Peters voyait son Lex Luthor en Kevin Spacey (Swimming with sharks, Usual Suspects, Seven, LA Confidential et plus tard en 1999 American Beauty) . L'acteur est jugé très bon candidat, car il était capable de rejeter cet alien, comme il pouvait également lui tenir tête ou le surpasser.

Comme par hasard, me direz-vous, on retrouvera l'acteur dans ce même rôle pour Superman Returns.


Pour le rôle de Jimmy Olsen, on louvoyait notamment entre Tom Everett Scott, Lukas Haas, Loren Dean, Paul Rudd, Matthew Perry (de Friends ;) ) ou encore Robert Sean Leonard... en cas d'acteur blanc, sinon vers Chris Rock, Savion Glover ou Marlon Wayans si on envisageait un acteur noir.



Cage et le costume de Supes

Ces dernières semaines, comme à l'occasion des sorties de Man of Steel en 2013 ou bien de discussions sur l'avenir du personnage, on a vu ressurgir les photos et images de l'acteur américain en tenue de Superman :


C'est le résultat d'un travail de design avancé.


Les concept arts pour Superman

Le costume évolue vers une couleur plus foncée pour régler la demande de Jon Peters, mais aussi de façon pratique pour la régénération solaire. La ceinture et le slip disparaissent. Pour ce dernier point, il est jugé inutile.



Recherche et développement

Le documentaire met en évidence l'ensemble du travail considérable sur le costume.

Les designers et créatifs du film jugeaient qu'une évolution devait être faite pour le personnage principal et cela devait se voir aussi dans la costume. Colleen Atwood et Jose Fernandez ont œuvré sur celui-ci.


Il ne s'agissait pas de simplement disposer d'un justaucorps, mais de chercher une définition du muscle ce qui était bien différent de la version originale de Superman (plus proche des gens qui ne faisaient pas d'exercice). L'approche est biomécanique pour un costume pratique : un exosquelette.


En 2020, le spécialiste des effets spéciaux Steve Johnson publiait sur Facebook quelques photos d'essais de costumes du Superman Cage abandonné par Tim Burton illustrant l'énorme travail de R&D engagé : c'était un costume lumineux multicouches, composé d'une sculpture transparente de la musculature proche d'une couche de plexi par-dessus avec des gravures qui laissait passer la lumière (des lasers) au-travers.





Paul B. Frieling respecte l'esprit du design avec le S revisité et l'allure de Cage, sans la ceinture et le slip, ce que l'on retrouvera ensuite avec le costume de Superman Cavill. Le souhait de Peters d'un Superman ne volant pas semble apparaitre dans le court-métrage et avec des sauts gigantesques avant de finalement s'envoler dans l'espace.



Une vision singulière de Superman

Tout n'indique pas forcément que Nicolas Cage était le choix ultime. Dans une interview accordée à Rolling Stones en avril 2022, l'acteur indiquait que si Burton ne l'avait pas casté, lui avait au contraire casté le réalisateur au détriment de Renny Harlin (Die Hard 2 en 1990, Cliffhanger en 1993, L'île aux Pirates en 1995, Au revoir à jamais en 1996) qui était également sur la liste des prétendants à la réalisation du film. Fan de Mars Attacks, il trouvait que le style de Burton répondait bien plus à sa vision de Kal-El. Par ailleurs, Burton avait fait de Batman un tel succès que Warner Bros. n'a pas eu besoin d'être convaincu de lui accorder la réalisation d'un blockbuster qui pouvait combiner les visions créatives de Kevin Smith et Tim Burton.


Aligné avec le réalisateur de Batman, l'acteur revenait avec Entertainment Weekly en septembre 2017 sur la perte d'un Superman qui aurait été "dans [notre] imagination, [...] plus puissant que tous les films de Superman".

I would offer that the movie that Tim and I would have made, in your imagination, is more powerful than any of the Superman movies. I didn’t even have to make the movie and we all know what that movie would have been in your imagination. That is the Superman. That is the movie. Even though you never saw it — it is the Superman
Je dirais que le film que Tim et moi aurions fait, dans votre imagination, est plus puissant que tous les films de Superman. Je n'ai même pas eu à faire le film et nous savons tous ce que ce film aurait été dans votre imagination. C'est LE Superman. C'est LE film. Même si vous ne l'avez jamais vu, c'est LE Superman.

Ils pensaient tout deux offrir LE Superman ultime.


Les photos de Nicolas Cage ci-dessus montrent donc quelques essais de costumes à différents moments du projet entre 1996 et 1998. Et le moins qu'on puisse dire est que Cage était investi et qu'il avait une certaine allure : un costume plus moulant et mettant en avant la musculature, la cape rouge, la ceinture jaune qui disparait au fur et à mesure, un S revisité et... les cheveux longs.

Pour les cheveux longs, sujet de farce et de sarcasme, il faut savoir que dans les comics des 90s Superman pouvait tout à fait avoir les cheveux longs. En commençant par le Règne des Supermen (Superman #82, 1993). Ce n'est donc une pas exception !







Une proposition de scénario pour le futur ?

Une fois l'abandon acté de Superman Lives, la frénésie Superman et la volonté de Jon Peters et Lorenzo di Bonaventura restaient vives, car en 2002 c'est au tour du Superman: Flyby de J.J. Abrams de tenter sans succès de proposer un film sous la direction de Brett Ratner puis Joseph McGinty Nichol (McG).


Il faudra finalement attendre 2006 et le choix de Brandon Routh pour Superman Returns pour revoir le dernier Fils de Krypton sur grand écran. Le ton et l'ambition seront alors bien différents. La proposition se rapprochera davantage du Superman de 1978 de Richard Donner et l'ensemble des concepts (designs et idées) n'aura pas la même efferverscence.


ralisation


Superman Lives remis sous les feux des projecteurs dans cet animé était un projet particulier et très riche. La rééalisation de Frieling nous ramène à l'époque d'une essai qui est pour beaucoup légendaire.


Enfin, c'est en juillet 2013 que Zack Snyder relancera la franchise avec Henry Cavill dans Man of Steel, ouvrant l'ère du Snyderverse.


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