Il y a quelques semaines, James Gunn co-CEO de DC Studios était dans la tourmente avec un historique de messages peu glorieux sur les réseaux et parmi eux une série de messages de plus de 10 ans abordant le film Batman Begins (2005) de Christopher Nolan ainsi que le Batman (1989) de Tim Burton.
Comme la roue tourne, il est assez curieux de retrouver Tim Burton dans les médias ces derniers jours suite à une interview accordée au British Film Institute (BFI) en marge de l'écriture du film Beetlejuice 2 (sortie prévue en 2024) et de la suite de la série Wednesday (Mercredi en français, sur la plateforme Netflix), comme de l'exposition rétrospective de la carrière de l'artiste, The World of Tim Burton.
Pourquoi tant de noms dans le titre de cet article, me direz-vous ?
Vous allez comprendre pourquoi : le réalisateur était interrogé sur le retour de Michael Keaton à l'écran dans The Flash ainsi que sur le caméo de Nicolas Cage en Superman fondé sur son Superman Lives, l'illustre version abandonnée par Warner Bros.
L'échec de The Flash
Comme nous l'évoquions avant la sortie de The Flash, on pouvait s'interroger sur la place qu'aurait Supergirl après son caméo dans le film et ensuite dans l'univers de James Gunn. Le film intriguait énormément les fans qui pensaient (ou espéraient) y trouver des indices sur ce que le directeur de DC Studios allait mettre en place avec son arrivée à la barre. La nouvelle d'un Nicolas Cage en caméo ajoutait un doute supplémentaire après la confirmation dans la bande annonce de Michael Keaton en tant que Batman.
Finalement, une fois le film sorti en salle, toute la Super-Famille a été maltraitée. Elle figure comme un des éléments de l'échec du métrage au box-office. On a presque dépassé les limites du fan service avec de multiples caméos maladroits et les choix artistiques comme la piètre qualité technique sont parmi les éléments critiqués.
Bref, c'est un échec cuisant du studio qui ne place pas James Gunn dans les meilleurs dispositions avant la sortie de Superman: Legacy. Et évidemment, Tim Burton a son mot à dire...
Burton et le caméo supermanesque
Au détour de leur échange, le média interrogeait Tim Burton au sujet de ce caméo et l'usage qui a été fait de "son" Superman. En particulier, avait-il des regrets d'avoir vu son film annulé trois semaines avant le tournage et après 2 ans de pré-production ?
Non, je n'ai pas de regrets. Je dirai ceci : lorsque vous travaillez aussi longtemps sur un projet et qu'il ne se réalise pas, cela vous affecte pour le reste de votre vie. Parce qu'on se passionne pour certaines choses, et chaque chose est un voyage inconnu, et on n'en était pas encore là. Mais c'est une de ces expériences qui ne vous quitte jamais, un tout petit peu.
Superman Lives était un projet ambitieux et décalé en rupture avec la saga Christopher Reeve.
Notre dossier spécial illustrait la démarche, les concepts arts et tout le travail effectué. Il constitue un What-If (Que ce serait-il passé si... en français) exceptionnel qui marqua profondément le réalisateur et les fans aussi. Les causes furent multiples (financières, scénaristiques et artistiques) et certains diront même que Mars Attacks! (1996) aurait fait peur à la Warner à plus d'un titre...
Le caméo de Nicolas Cage en image de synthèse (il n'est pas en chair et en os) et "rapide", comme le regrette l'acteur, fait écho au mouvement autour de Superman Lives (on trouve le super-héros aux prises avec une araignée géante). Cependant, si certains fans ont pu trouvé en cela un hommage ou une "canonisation", le réalisateur Burton n'est pas véritablement heureux de cela en assimilant d'abord cette séquence à une génération par IA (Intelligence Artificielle) :
Mais cela va aussi dans le sens d'une autre IA, et c'est pourquoi je pense que j'en ai fini avec le studio. Ils peuvent prendre ce que vous avez fait, Batman ou autre, et le détourner culturellement, ou peu importe comment vous voulez l'appeler. Même si vous êtes l'esclave de Disney ou de Warner Brothers, ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
Ensuite, cette séquence, bien que relativement propre dans le film, est définie par Burton comme un "détourn[ement culturel]" des studios qui reprennent maladroitement et comme ils veulent sa vision et son travail. Alors qu'il avait œuvré pour faire revivre Batman et ici Superman, la séquence des caméos est parmi les plus critiquées du film. Pour Burton, la séquence de Superman Lives n'a pas rendu honneur au personnage ni à l'artiste, mais ne visait qu'à s'attacher des fans.
"Burton se révolte tranquillement contre tout cela"
Il répondait déjà à The Independant, quelques jours plus tôt, que l'utilisation des IA pour (re)créer de visuels représentait un risque pour l'animation. On l’utilise pour générer des images selon un style burtonien et il évoque par exemple des demandes aux IA de faire "ses" versions des personnages de Disney. Cette tendance pose question pour toute la profession et Tim Burton l'a vit comme une "privation de son âme".
La séquence du film clôt pour Burton la parenthèse avec Warner et les grands studios. Il rappelle par cette réponse qu'il compte bien conserver sa liberté créative tout en réglant par la même occasion ses comptes avec les majors.
C'est pourquoi, dans les dernières années de ma vie, je me révolte tranquillement contre tout cela.
En conclusion, la perche tendue était bien trop tentante pour le réalisateur de ne pas mettre un peu les compteurs à zéro. Et vous, qu'en pensez-vous ?
JA
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